Dernièrement, j’ai reçu un commentaire sous l’une de mes vidéos YouTube.
La vidéo parlait ouvertement de spiritualité.
La personne, une femme, m’épinglait sur une contradiction.
Elle écrivait que c’était très fâcheux que je puisse tenir un tel discours sur la spiritualité mais qu’à côté de ça, mes livres soient mis en vente sur Amazon.
C’est un sujet très intéressant.
Au fond et pour être parfaitement honnête avec toi, c’est une réflexion que je me suis déjà faite.
Je me suis intéressé au fonctionnement d’Amazon et il en est ressorti que cette structure n’était pas la plus respectueuse du vivant sous toutes ses formes.
À côté de ça, Amazon est la société numéro 1 du e-commerce dans le monde.
En fait, quel est ton prix ?
À partir de quel prix est-ce que nous pouvons renoncer à nos valeurs et aux principes qui nous animent ?
C’est une vraie question.
Assez profonde je trouve.
Les personnes qui parlent de spiritualité font majoritairement des partages sur les vertus, l’amour et des principes très élevés.
Ils mettent en exergue une société qui semble utopiste dans laquelle nous pourrions toutes et tous vivre ensemble, en parfaite harmonie.
Le respect du vivant est prôné sous toutes ses formes.
Quel est ton prix ?
Quel est le montant qui peut te corrompre ?
Quelle est la promesse qui peut te dévier de ta trajectoire ?
La seule fois où j’ai lu un article qui abordait ce sujet de manière indirecte, c’était sur le blog de Steve Pavlina.
Il expliquait qu’il avait décidé de supprimer l’affichage des publicités de son site internet.
En toute transparence, il expliquait que la publicité générait pas loin de 10 000$ par mois.
De manière relativement passive.
Son trafic était tellement soutenu qu’il lui suffisait d’écrire ponctuellement pour entretenir la machine.
Ses articles étaient extrêmement bien placés dans les moteurs de recherche.
Mais, du jour au lendemain, il a pris la décision de se couper de cette importante source de revenus.
J’ai été assez admiratif de sa décision.
Il expliquait que ça le dérangeait que ses lecteurs puissent être attirés par de la pub pendant leur lecture.
Surtout que les pubs pouvaient être antinomiques avec ses partages.
Il écrit sur le véganisme et du choix de manger sainement.
Et ça le gonflait que McDonald’s puisse se servir de son blog pour faire la promotion de sa malbouffe.
Une telle décision force donc le respect.
Mais ça m’amène aussi à réfléchir au problème sous un autre angle.
S’il peut prendre cette décision, c’est qu’il a le choix.
Il peut se le permettre.
Se couper d’une rente mensuelle de 10 000$, je ne sais pas si tout le monde serait capable d’agir de la sorte.
Il expliquait qu’en faisant ce choix aligné, il renouvelait sa confiance en l’univers et en l’abondance à laquelle il avait droit.
Aujourd’hui, mes livres se vendent majoritairement sur Amazon.
Ils sont vendus sur Kobo et sur la plateforme d’Apple.
Amazon représente 97% des ventes environ.
Si je renonce à Amazon, je dis adieu à des lecteurs potentiels.
Je me coupe d’une source de revenus mais aussi de faire ce qui me semble le plus important aujourd’hui : impacter positivement la vie des autres par mon écriture.
Quel dilemme !
Quel est ton prix ?
À quel moment est-ce tu serais prêt à agir en contradiction avec tes valeurs ?
Je crois que c’est facile de répondre du tac au tac.
« Moi ? Jamais je ne renoncerai à mes valeurs. T’es un sale type en fait, je suis déçu ! »
« Mes valeurs vaudront toujours plus que tout l’argent du monde ! »
« Moi ? On ne m’achète pas ! »
Mais est-ce vrai ?
As-tu déjà été obligé de serrer les dents et d’agir contre tes valeurs ?
Il y a deux ans, j’ai été obligé de bosser dans une boîte merdique dans le sud de l’Espagne.
Le patron fumait des joints.
Il tenait des propos déplacés.
L’ambiance était nocive et les produits vendus étaient partiellement des arnaques.
Mais je n’avais pas le choix.
Je trouve ce sujet intéressant.
Quand on parle de spiritualité, on peut essayer de se faire passer pour mieux que ce que l’on est.
« Je suis un meilleur humain que toi parce que je ne mange pas de viande »
« Je suis un meilleur humain parce que je fais toujours des choix alignés »
Je crois que dans la vie, il y a parfois des choix que l’on peut faire à contre-coeur.
C’est comme d’accepter de rouler temporairement à contre-sens pendant quelques temps sur une route nationale.
Tu sais que c’est dangereux.
Tu sais que c’est risqué.
Tu sais que ce n’est pas ce qu’il faudrait faire moralement.
Mais en fin de compte, tu sais que ça te permettra de rattraper plus vite une bretelle que tu as loupé.
Et de te diriger plus rapidement dans la bonne direction.
Le plus difficile, c’est probablement d’être capable d’endurer le regard d’autrui.
De faire face aux jugements de celles et de ceux qui ne connaissent pas nos intentions profondes.
C’est d’accepter d’être épinglé et mis face à nos contradictions.
Mais de continuer d’avancer quand même dans la direction qui nous semble être la meilleure.
Pour soi mais aussi pour les autres…